Texte de l’Ambassadeur du Burundi, SE Pascal RUHOMVYUMWORO

Séminaire sur les défis et les opportunités de développement en Afrique

Texte de l’Ambassadeur du Burundi, SE Pascal RUHOMVYUMWORO

Université de Södertörn (Stckholm), 11 mai 2016


l’Ambassadeur du Burundi, SE Pascal RUHOMVYUMWORO

Monsieur le Vice-Chancelier/l’Adjoint du Vice-Chancelier ;

Excellences Ambassadeurs; Mesdames messieurs


Permettez-moi tout d’abord de remercier les autorités de l’Université de Södertörn et l’AI-TV Network d’avoir organisé ce séminaire sur les défis et les opportunités de développement en Afrique.



Opportunités d’investissement au Burundi


Le Burundi est à l’intersection de plusieurs communautés économiques régionales auxquelles il appartient : le COMESA, la CEEAC, la CEPGL, la CEA. Il s’agit d’un grand marché, surtout avec les pays voisins et les pays riverains du lac Tanganyika : Est du Congo, Rwanda, Ouganda, Kenya, Tanzanie et Zambie.


1.1.Opportunités dans le secteur de l’énergie


Le Burundi projette d'atteindre une capacité énergétique de 560 mégawatts (560 MW) d'ici 2020.

Actuellement, il ne dispose que d’environ 66 MW. Et sans énergie, tous les efforts de développement sont compromis.

Plusieurs projets peuvent intéresser les investisseurs. Ces projets sont de 10, 20, 30 MW


Au niveau national :

Centrales hydroélectriques de différentes capacités : 10.4 MW, 20 MW, 32 MW, 19 MW, 17 MW, 8 MW, 22MW ;

Centrales thermiques, à base de déchets (30 MW), de la tourbe (15 MW) et de fuel (30 MW) ;

Stations solaires de 10 MW et de 17,5 MW.

Au niveau régional :

Centrale hydro électrique Rusumo Falls sur la rivière Kagera en Tanzanie, 80 MW dont 27 MW pour le Burundi ;

Centrale hydroélectrique sur la rivière Ruzizi en RDC, 145 MW dont 49 MW pour le Burundi. Ce sont des projets conjoints dans le cadre régional ;

Le Burundi pourra importer d'Ethiopie 200 MW après la construction du barrage hydroélectrique "La Renaissance" sur Nil.


1.2.Opportunités dans le secteur de l’agriculture

Le Burundi dispose de vastes plaines très fertiles qui se prêtent à l’agriculture moderne. Il pleut 9 mois par an, et il y a deux saisons culturales. L’investisseur peut produire 10 tonnes de riz ou de céréales 2 fois par an sur un hectare.

Les autres opportunités :

La production des produits agricoles et la création des usines de transformation ;

L’augmentation de production de viande, de lait et des œufs, l’industrie des produits laitiers ;

La pêche et l’aquaculture sur le lac Tanganyika et la mise en place d’une chaine de froid.


1.3.Opportunités de développement industriel

Le Burundi a besoin d’industrie de transformation des produits agro-alimentaires, production de matériaux de construction, fertilisants pour l’agriculture, d’industrie textile, d’industrie pharmaceutique, etc.


1.4.Opportunités dans le secteur Hôtellerie et Tourisme

Au cœur de l’Afrique, le Burundi est à cheval sur l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Est. Il est membres des grandes communautés régionales (CEEAC, CEPGL, COMESA, EAC). Les touristes et les rencontres internationales ont besoin des infrastructures d’accueil.

Les opportunités dans ce secteur sont :

Augmentation de la capacité hôtelière haut standing ;

Construction des centres de conférence haut-standing ;

Construction des hôtels et autres infrastructures d’hébergement dans les parcs nationaux et dans d’autres sites touristiques

Etc.

NB :Il y a plein d’autres opportunités dans le transport, le bâtiment et les travaux publics, les TIC, l’éducation, la santé, …


2.La législation

Tous les secteurs de l’économie burundaise sont ouverts aux investisseurs privés aussi bien nationaux qu’étrangers.

Le Burundi continue son programme de privatisation des entreprises, des travaux et des services publics.

La loi prévoit des dispositions destinées à attirer et à rassurer les investisseurs étrangers en leur facilitant les conditions d’acquisition, de production, de transformation et de distribution des biens et services.

La loi simplifie les procédures administratives, réduit le temps et les coûts. Il y a par exemple un guichet unique pour la création de l’entreprise (au lieu de quatre auparavant), un guichet unique pour le transfert de propriété (au lieu de trois auparavant), un guichet unique pour l’obtention d’un permis de construire (au lieu de six).


2.1.Mesures incitatives

Les incitations fiscales offertes aux investisseurs :

Exonération des droits de douane sur les matières premières et équipements ;

Exonération de droits de propriété en cas d’acquisition des immobilisations (terrain ou immeuble) ;

Paiement des droits compensatoires de 5% au lieu d’entre 10 à 25% sur les produits qui seront utilisés dansle projet d’investissement (les consommables ne sont pas concernés) ;

Réduction de 5% du taux d’imposition sur les bénéfices (30%) lors que le promoteur a employé durant l’exercice au moins 200 burundais, ou réduction de 2% lors qu’il a employé entre 20 et 200 burundais.

Les incitants non fiscaux :

L’API (Agence burundaise de Promotion de l’Investissement) rassemble et met gratuitement à la disposition de l'investisseur toute information utile susceptible de faciliter l'entrée, le séjour et l'établissement ainsi que l'accès aux textes législatifs et réglementaires relatifs aux secteurs concernés par les projets d'investissement.


2.2.Protection des investisseurs

La loi garantit à toute personne physique ou morale, désireuse d’investir au Burundi, la liberté d’établissement et d’investissement de capitaux, et le droit de propriété sans aucune discrimination

Protection par les mécanismes de droit interne

Le code d’investissement et les autres lois garantissent :

La liberté d’établissement et d’investissement des capitaux ;

La reconnaissance de droit de propriété ;

L’acquisition ou la location immobilière ;

Le libre transfert des capitaux étrangers et de leurs revenus ;

La non-nationalisation et non-expropriation des investissements réalisés sur le territoire Burundais.

Protection par les mécanismes de droit international

Des accords bilatéraux de protection des investissements ont été signés avec plusieurs pays, à l'occasion de la négociation d'accords de coopération ;

Le Burundi a ratifié des conventions internationales relatives à la garantie et à la protection de l’investissement. Il s’agit notamment de l'Agence Multilatérale de Garantie des Investissements (MIGA) et du Centre International pour le Règlement des Différends relatifs aux Investissements (CIRDI).


3.Défi : contexte stable et durable pour les affaires


Le défi le plus important dans certains coins de l’Afrique et surtout dans la région africaine des Grands Lacs est l’instabilité politique. Cette instabilité a des causes endogènes et des causes exogènes.

Les causes endogènes peuvent être la pauvreté, la faiblesse des Etats due au manque de moyen pour répondre aux besoins des populations, le problème de droits de l’homme, le non-respect de la loi, etc.

Les causes exogènes sont surtout les intérêts des compagnies multinationales et des puissances économiques et militaires. A la recherche des matières premières à peu de frais, les multinationales peuvent déstabiliser les Etats faibles. Les puissances économiques et militaires qui veulent s’assurer d’un positionnement géostratégique et géopolitique sont à la base de beaucoup de conflits que l’on observe dans le monde. Mais lorsque survient un conflit quelque part, les médias et les ONG donnent parfois des explications qui n’ont rien à voir avec la réalité sur terrain.

Ceci est vrai dans la Région africaine des Grands Lacs et plus particulièrement au Burundi. La région des grands lacs africains est marquée par une insécurité permanente. Les pertes humaines et matérielles dues aux conflits dans notre région sont incalculables.

Lors que la communauté internationale entreprend des initiatives pour ramener la paix, elle ne considère pas souvent le rôle néfaste de certains acteurs, surtout lorsqu’il s’agit de grandes puissances ou de grands empires économiques. Aussi longtemps que certaines causes et certains acteurs seront occultés, les solutions proposées ne seront que passagères et les conflits referont surface.

Je pense qu’il y a moyen de faire des affaires dignement, honnêtement et prospérer sans recourir aux guerres. Les acteurs nationaux et étrangers doivent se faire violence pour instaurer un autre contexte favorable aux affaires pour tous. Autant nos gouvernements doivent jouer la part qui est la leur dans ce vaste chantier, autant les pays riches et démocratiques doivent encourager nos pays, encourager la concorde sociale, et éviter les positions susceptibles de diviser nos peuples.

Dans un pays paisible et stable où règne un Etat de droits, où des pratiques de bonne gouvernance économiques et politiques se renforcent, et où les droits de l’homme sont observés, il est possible de développer un secteur privé et un partenariat public-privé dynamiques et performants. C’est dans ce seul contexte sain et durable que les investisseurs nationaux et étrangers vont tous gagner. C’est dans ce seul contexte qu’ils vont beaucoup gagner de manière honnête, et que leurs business vont se développer dans l’intérêt de leurs peuples respectifs.

Après l’insurrection de l’année passée au Burundi, la sécurité s’améliore progressivement. Le gouvernement poursuit son chantier de réconciliation et de renforcement de la paix et de la sécurité, conditions sine qua none de développement et de progrès.

Je vous remercie pour votre aimable attention



 

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